

Notre communauté témoigne
L’impact du programme Passeport, raconté par celles et ceux qui y participent
L’histoire de Fatima

Entre des problèmes familiaux, des conflits avec des amis et des enjeux de santé mentale, mon quotidien était vraiment compliqué. J’ai parfois voulu tout lâcher, mais Passeport ne m’a jamais laissée tomber
Fatima est diplômée du programme Passeport à Pointe-Saint-Charles. Elle a obtenu son diplôme en 2022 et est actuellement au cégep. Fatima travaille désormais comme assistante en pharmacie et souhaite un jour devenir pharmacienne.
Chaque année, des milliers de jeunes témoignent de l’effet transformateur du programme Passeport dans leur vie. Mais Fatima explique que le programme n’a pas simplement changé sa vie–il l’a sauvée.
« Entre des problèmes familiaux, des conflits avec des amis et des enjeux de santé mentale, mon quotidien était vraiment compliqué. J’ai parfois voulu tout lâcher, mais Passeport ne m’a jamais laissée tomber », explique Fatima. À l’école, les choses ne se passaient pas non plus bien. Lors de rencontres avec le personnel enseignant, on expliquait à Fatima qu’elle risquait de ne pas terminer son année à cause de ses notes.
« Ma mère a pleuré lors de l’une de ces rencontres. Ça m’a marquée. Tout ce que je voulais, c’était prouver aux enseignants qu’ils avaient tort. »
Fatima, qui se sentait perdue, s’est tournée vers une membre du personnel de Passeport pour obtenir un peu d’aide. « Elle m’a dit : “Tout ce que tu peux faire, c’est donner ton maximum. Dans la vie, tu vas peut-être tomber, mais l’important, c’est de te relever.” Je me suis vraiment sentie bien entourée. » Fatima a donc décidé de persévérer. Elle a commencé à aller au tutorat de Passeport tous les jours après l’école. En plus du soutien académique, le programme lui a aussi offert des stratégies concrètes pour mieux gérer sa santé mentale.
« J’avais beaucoup d’anxiété, et ce n’était vraiment pas facile de me concentrer sur mes devoirs. Mais ma personne-ressource à Passeport a trouvé des moyens concrets de m’aider. Elle m’installait dans une pièce calme, elle venait souvent me voir et me rappelait de faire des pauses. » Cette même employée a aussi aidé Fatima à accéder à des ressources thérapeutiques, ce qui lui a permis de faire des pas concrets pour améliorer sa santé mentale. « Une fois que j’ai commencé à suivre cette démarche, les choses se sont mises à mieux aller. Et surtout, j’ai repris confiance en moi. »
Saskia travaillait à l’époque à l’emplacement que Fatima fréquentait et se souvient très bien d’elle. « Fatima ne faisait pas officiellement partie de mon groupe d’élèves, mais ça n’avait pas d’importance. On avait une entente entre collègues — on veillait sur tous les élèves. On savait qui avait besoin d’un soutien supplémentaire et on intervenait dès qu’il le fallait. Cette approche communautaire fonctionne et la réussite de Fatima en est la preuve. »
Grâce à sa persévérance, à son travail acharné et au soutien de Passeport, Fatima, remplie de fierté, est montée sur scène lors de sa remise de diplôme. « Quelle journée inoubliable. Cette fois-là, ma mère a pleuré de joie. Et moi, j’étais fière de moi. Je n’aurais jamais pu y arriver sans Passeport. Le personnel a cru en moi au moment où je me sentais complètement isolée. »
Fatima est désormais au cégep et travaille comme assistante en pharmacie. Elle a trouvé sa voie. « J’ai toujours voulu aider les gens, et j’ai réalisé que la pharmacie, c’était ma vocation. »
Et aujourd’hui encore, l’esprit du programme Passeport l’accompagne dans son quotidien.
« Parfois, quand des clients entrent, ils ont juste besoin que quelqu’un les écoute. Tout comme Passeport l’a fait pour moi. »
L’histoire de Darlene

Sans Pathways, ces étudiants n’auraient pas pu rêver de pouvoir y parvenir.
Darlene Lanceley est une femme crie, membre de la Première Nation Mistawasis Nehiyawak. Elle est éducatrice de longue date, militante pour les droits des Autochtones et défenseuse engagée des jeunes et de l’éducation. Après avoir accompagné quatre cohortes de Passeport jusqu’à l’obtention de leur diplôme en tant que gestionnaire de programme à Saskatoon, elle a récemment pris sa retraite.
Après avoir obtenu son diplôme d’enseignante en 1984, Darlene a intégré un système où le personnel enseignant autochtone se faisait rare et où les programmes culturellement adaptés étaient inexistants. Elle a commencé sa carrière en éducation dans une garderie des Premières Nations, puis a siégé au conseil jeunesse chargé de créer une école secondaire pensée pour intégrer la réalité des élèves autochtones en milieu urbain, à Saskatoon. Oskāyak, cette école, fait partie aujourd’hui des établissements partenaires de Passeport Saskatoon.
Depuis l’ouverture du programme Passeport local en 2017, Darlene a permis au programme de rejoindre des élèves autochtones dans 58 quartiers différents de Saskatoon. Cet emplacement, qui comptait d’abord 42 élèves, en accompagne aujourd’hui 350. Plus de 200 élèves ont obtenu leur diplôme. Rien que cette année, 61 jeunes terminent le secondaire — plusieurs d’entre elles et eux étant les premiers de leur famille à le faire. « Sans Passeport, ces élèves n’auraient peut-être jamais osé rêver d’aller aussi loin, » partage Darlene. « On a réalisé plein de choses ici à Passeport Saskatoon; nos jeunes obtiennent leur diplôme à temps. C’est une grande réussite. Ces élèves gravissent les échelons un à un, ce qui aurait toujours dû être le cas. »
Le parcours de Darlene illustre lui aussi un fort désir de changement. Enfant de la rafle des années soixante, elle fit partie des nombreux jeunes autochtones arrachés à leurs foyers et à leurs communautés. « Ma mère a survécu aux pensionnats, et j’ai réussi à retrouver son dossier scolaire. Elle portait le numéro 383. Et le numéro 383 voulait devenir infirmière », raconte-t-elle. Grâce à son travail avec Passeport Saskatoon, Darlene a rendu ce rêve réalité en guérissant divers maux par le biais de l’éducation.
Du tutorat à la préparation à l’emploi, en passant par la confection de jupes à rubans, le perlage ou la participation à des cérémonies comme la Danse du Soleil ou la Danse du Cheval, Darlene et son équipe ont veillé à ce que les élèves puissent renouer avec leur culture et bâtir leur avenir.
Après avoir accompagné quatre cohortes d’élèves à travers le secondaire, Darlene prendra sa retraite après la cérémonie de remise des diplômes cette année. Son message aux jeunes d’aujourd’hui et de demain est sans ambiguïté : « Je veux qu’ils s’épanouissent pleinement. Que les jeunes puissent dire “je mérite mieux” et utiliser leur voix, parce que dans le mot “voice” (voix), il y a I-C-E : Identité, Choix et Émancipation. » Cette vision si bien exprimée par Darlene est portée par chaque élève qui montera sur scène cette année. « Aujourd’hui, ces jeunes sont capables de se voir dans des rôles de leadership. Ces élèves sont déjà des leaders qui guident la prochaine génération dans la bonne direction. Nos jeunes ont brisé des cycles et vont continuer de le faire. »

Sans Pathways, ces étudiants n’auraient pas pu rêver de pouvoir y parvenir.
L'histoire de Tapfuma

C’était vraiment compliqué d’expliquer ma situation à des gens qui n’avaient rien vécu de semblable. En m’impliquant davantage dans les activités scolaires, j’avais toujours quelqu’un avec qui travailler, et parfois, le simple fait de pouvoir parler de ma réalité à une personne qui comprenait vraiment faisait toute la différence.
Après avoir terminé le programme Passeport en 2013 à Regent Park, Tapfuma a étudié les finances à l’Université Dalhousie. Il est désormais souscripteur adjoint chez Zurich Insurance Group.
Tapfuma est né au Zimbabwe et à l’âge de sept ans, il a déménagé à Toronto avec sa mère. Ils ont d’abord vécu dans un centre d’accueil pour réfugiés, puis ont déménagé dans différents quartiers avant de s’établir à Regent Park. Malgré plusieurs défis, Tapfuma aimait Regent Park, une communauté où il a pu facilement s’intégrer tout en s’habituant à cet environnement qu’il connaissait peu. « Je ne me suis jamais senti complètement seul. J’ai vraiment aimé Regent Park et les gens avec qui j’ai grandi. »
Au début de ses études secondaires, Tapfuma a rencontré de nouveaux défis. Son école était située loin, dans un quartier plus aisé. « L’aller-retour en transport en commun était compliqué », explique Tapfuma. Heureusement, sa mère a découvert Passeport pour ma réussite par l’entremise de leur voisin et elle a tout de suite inscrit Tapfuma. Les billets d’autobus fournis par le programme ont permis d’atténuer le poids financier des déplacements entre l’école et la maison.
Le programme Passeport a également permis à Tapfuma de s’intégrer à une communauté autre que celle de son école, où la majorité du corps étudiant était composée de personnes blanches. À Passeport, il a rencontré des élèves avec des parcours ressemblant au sien : avoir été réfugié, avoir grandi dans une famille monoparentale, ou encore avoir vécu dans un logement communautaire. « C’était vraiment compliqué d’expliquer ma situation à des gens qui n’avaient rien vécu de semblable. En m’impliquant davantage dans les activités scolaires, j’avais toujours quelqu’un avec qui travailler, et parfois, le simple fait de pouvoir parler de ma réalité à une personne qui comprenait vraiment faisait toute la différence. »
Ce qui a le plus ému Tapfuma, c’est d’avoir quelqu’un qui croyait en lui et qui défendait ses intérêts. « Ma conseillère-ressource, Savannah, m’a toujours dit que je pouvais faire de grandes choses. Elle me parlait comme on parle à un adulte, ce que j’ai vraiment apprécié en tant que jeune. » Quand Tapfuma a eu des ennuis à l’école, Savannah est intervenue. « Elle leur disait : “Je sais que c’est un bon gars.” Et elle me disait : “Tap, tu mérites mieux que ça!” Elle était vraiment patiente avec moi. »
Au moment des demandes d’admission pour le postsecondaire, Tapfuma a décidé de postuler à l’Université Dalhousie. Passeport était là pour l’aider dans ce processus. « Quand j’ai reçu ma lettre d’acceptation de Dalhousie, j’étais fou de joie! Savannah, c’était la première personne que j’ai appelée. Je l’ai appelée avant ma mère, c’est dire à quel point elle comptait pour moi. »
À l’université, Tapfuma s’est encore une fois retrouvé face à un environnement inconnu, dans une école loin de chez lui et dans une autre province. Toutefois, une leçon de Passeport lui est venue en tête : ne jamais avoir peur de demander de l’aide. « Il y avait toujours des ressources autour de moi, et je me sentais capable de les trouver. »
Tapfuma est désormais souscripteur adjoint chez Zurich Insurance Group. « C’est parfois difficile d’être Noir et de travailler dans le domaine des finances, surtout parce que j’ai commencé comme stagiaire. Mais je reçois un soutien exceptionnel au travail. » Au bureau, il a formé un groupe de ressources pour les personnes africaines et caribéennes qui travaillent dans le domaine des finances partout au Canada. Il a également récemment remporté le prix Rising Star, qui récompense les professionnels de moins de 35 ans qui excellent dans le secteur de l’assurance.
Tapfuma continue d’incarner les valeurs que Passeport lui a inculquées : la confiance en soi et la capacité de demander de l’aide. « Lorsque j’ai l’impression de ne pas être à ma place ou d’être un étranger, je me rappelle que je mérite d’être ici. »
L’histoire de Talon

Tout ce qui m’intéresse, je suis la première génération de ma famille à le faire : travailler dans les métiers, être musicien, être entrepreneur. Je suis la preuve que briser les cycles, c’est possible, et je n’y serai pas arrivé sans Passeport.
Talon est diplômé du programme Passeport à Vancouver et fait partie de la cohorte 2021. Aujourd’hui, il est entrepreneur et gère sa propre entreprise de services immobiliers. Dans son temps libre, il compose de la musique et joue des concerts dans sa communauté.
Lorsqu’on lui demande de décrire le programme Passeport en trois mots, Talon répond sans hésitation : soutien, communauté et éducation. « L’école, ça n’a pas toujours été facile pour moi. Mais ça m’a rassuré d’avoir de l’aide dans les matières où j’avais de la difficulté. Le personnel m’a aidé à prendre l’école plus au sérieux. »
Ce qui l’a aussi beaucoup aidé, c’est le fait d’avoir un réseau d’élèves autour de lui pour se motiver à travailler.
Talon a toujours fait preuve d’un grand sens de l’initiative. Par exemple, il a fait de nombreuses années de bénévolat dans un centre communautaire du Downtown Eastside de Vancouver, son quartier natal. Il y animait des activités sportives, enseignait la cuisine à d’autres élèves et dirigeait un club pour garçons.
C’est durant la 5e secondaire que Talon a commencé à réfléchir à son avenir professionnel. L’élément déclencheur : un conférencier invité, issu du milieu des métiers spécialisés, est venu parler aux élèves de son parcours et des possibilités s’offrant à eux. « Il ne m’était jamais venu en tête de travailler dans les métiers. Mais le conférencier m’a intrigué, alors je me suis dit que j’allais essayer pendant deux semaines pour voir si j’aimais ça. » Passeport l’a aidé à faire ses premiers pas dans cet univers en lui présentant les démarches à suivre et les options qui se présentaient à lui après le secondaire. Après y avoir réfléchi, Talon a décidé de se diriger vers la plomberie.
L’année suivante, Talon s’est inscrit à Tupper Tech, un programme destiné aux élèves de 5e secondaire souhaitant entreprendre un apprentissage dans les métiers spécialisés. D’un jour à l’autre, son quotidien a complètement changé — il devait désormais se lever à 4 h du matin et travailler avec des gens qui avaient parfois deux fois son âge. « Au début, c’était difficile, mais ça m’a ouvert les yeux. M’habituer à un nouvel horaire et apprendre à composer avec différentes personnalités, tout cela m’a permis de développer une carapace. »
Après avoir terminé son secondaire, Talon a continué à travailler comme plombier tout en suivant une formation au Pacific Vocational College. Tout allait bien jusqu’à ce qu’il rencontre un obstacle : en 2022, il a perdu son emploi. Mais une fois de plus, grâce à sa détermination et sa motivation, Talon a rebondi et a décidé de lancer sa propre entreprise de services immobiliers. « J’ai pris mes outils de nettoyage et je me suis mis au travail. Tout simplement. Mon entreprise repose sur le porte-à-porte, ce qui me vient naturellement puisque je suis quelqu’un de sociable. »
Lorsqu’il ne travaille pas avec ses mains, Talon laisse place à sa créativité en faisant du hip-hop. « En tant que personne autochtone qui a grandi dans le Downtown Eastside de Vancouver, j’ai vu beaucoup de pauvreté, de violence et de dépendance, autant dans ma communauté que dans ma propre famille. Écrire là-dessus, ça me fait du bien. »
Ce simple passe-temps a rapidement pris de l’ampleur — Talon a maintenant joué plus de 40 concerts dans sa communauté. « Sans toutes ces épreuves, je ne serais pas là où j’en suis aujourd’hui. Mon espoir et le message que je transmets dans ma musique, c’est qu’on peut atteindre ses rêves, peu importe les circonstances. »

Tout ce qui m’intéresse, je suis la première génération de ma famille à le faire : travailler dans les métiers, être musicien, être entrepreneur. Je suis la preuve que briser les cycles, c’est possible, et je n’y serai pas arrivé sans Passeport.